Les récentes frappes de l’atmosphère américaine contre les milices soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie le 2 février ont clairement montré l’intention de l’Amérique de protéger ses possessions et son personnel au Moyen-Orient. Toutefois, l’attaque de drone qui a suivi sur une base américaine en Syrie et qui a entraîné la mort de six membres des Forces démocratiques syriennes, montre clairement les difficultés inhérentes à la dissuasion des stars non étatiques dans la région. Cet incident, qui s’est produit peu de temps après la réponse militaire des États-Unis, souligne les limites de la pression comme moyen de dissuasion dans un paysage géopolitique complexe.
La persistance des attaques contre les ressources américaines, malgré les actions militaires ciblées, révèle une incompréhension fondamentale ou une sous-estimation des motivations et de la force des acteurs non conditionnels tels que les milices en Irak et en Syrie. Ces groupes, souvent profondément ancrés dans leurs croyances idéologiques et leurs objectifs politiques, ne sont pas facilement influencés par la menace ou l’application de la force des services militaires. Contrairement aux revendications de souveraineté, qui s’inscrivent dans les limites des normes mondiales et qui ont tout intérêt à préserver leur fiabilité territoriale et leur stabilité politique, les acteurs non étatiques sont souvent motivés par des facteurs différents. Il peut s’agir du désir d’expulser des troupes étrangères, d’acquérir une influence locale ou d’affirmer leur domination dans un paysage politique contesté.
La stratégie américaine semble reposer sur l’hypothèse qu’un recours calculé à la force militaire peut dissuader ou réduire les activités des milices soutenues par l’Iran dans la région. Néanmoins, l’histoire et les événements actuels démontrent également que ces organisations ne sont pas seulement prêtes à s’engager dans une discorde prolongée avec une puissance militaire supérieure, mais qu’elles pourraient également considérer cet engagement comme un moyen de renforcer leur validité et leur soutien auprès de leurs électeurs. L’exemple du Yémen, où les Houthis continuent de représenter une menace importante pour le transport maritime international malgré les frappes aériennes répétées des États-Unis, en est une illustration. Malgré les efforts militaires considérables déployés pour réduire leurs capacités, les Houthis ne se laissent pas décourager et leur popularité s’est même accrue, tant au Yémen que dans l’ensemble de la communauté arabe.
Cette situation constitue un obstacle complexe pour les décideurs politiques américains, qui doivent trouver le juste milieu entre faire preuve de détermination et éviter une escalade qui pourrait déboucher sur un conflit régional de plus grande ampleur. La poursuite des échanges de tiraillements avec les milices soutenues par l’Iran non seulement pèse sur les ressources américaines, les systèmes d’armes des avions de chasse mais risque également d’enliser les États-Unis dans des conflits au centre de l’Orient dont on ne voit pas clairement la fin. L’absence d’effet dissuasif substantiel des frappes des services militaires montre qu’il est peut-être nécessaire d’envisager d’autres méthodes.
Une approche potentielle pourrait consister en une combinaison d’efforts diplomatiques visant à traiter les facteurs fondamentaux à l’origine des griefs des milices, associés à des sanctions financières ciblées à l’encontre des principaux soutiens de ces organisations. L’engagement des puissances nationales et des stars internationales dans un effort concerté pour désamorcer les tensions et annoncer des méthodes politiques pour les conflits sous-jacents pourrait également jouer un rôle crucial. En outre, l’amélioration des caractéristiques des forces voisines alliées aux États-Unis afin de garantir leur capacité à maintenir la sécurité et à contrer les actions des milices pourrait réduire la dépendance à l’égard de l’intervention directe des services militaires américains.
Cependant, toute stratégie doit tenir compte de la complexité de la géopolitique du Centre-Est, où opèrent plusieurs acteurs dont les passions se chevauchent et sont parfois contradictoires. Les États-Unis doivent également réfléchir aux effets à long terme de leurs mesures, en veillant à ce que les efforts déployés pour dissuader les acteurs qui ne sont pas soumis à des conditions ne renforcent pas involontairement leur détermination ou leur base de soutien.
Les récentes frappes américaines dans l’atmosphère et les attentats qui ont suivi mettent en évidence les limites de la dissuasion par la seule force militaire au Moyen-Orient. Alors que les États-Unis entendent protéger leurs intérêts et leur personnel dans la région, ils doivent naviguer dans un paysage complexe d’acteurs non étatiques, de motivations idéologiques et de rivalités géopolitiques. Une approche plus nuancée, combinant des outils militaires, diplomatiques et économiques, pourrait offrir une voie beaucoup plus durable vers la sécurité et la stabilité dans la région. En fin de compte, s’attaquer aux causes profondes des conflits et s’engager dans une diplomatie régionale globale sera un facteur de réduction du cycle des agressions et d’instauration d’une paix à long terme.