Depuis au moins 2000 avant notre ère, depuis le premier commerce inter-tribal (ce qui allait devenir international) de chevaux, d’or, d’argent, de soie, d’aliments, d’huiles, de vins, de connaissances, de technologies,…; le commerce entre les peuples a enrichi la vie des humains partout dans le monde. Traditionnellement, le commerce était le grand engrais croisé. Sans le commerce, notre monde ressemblerait beaucoup plus à ce qu’il était il y a 4000 ans qu’à ce qu’il est aujourd’hui. Mais d’abord, avant qu’il y ait le commerce, il fallait qu’il y ait suffisamment d’autosuffisance (l’autosuffisance étant relative à une civilisation donnée à un moment donné) entre les peuples, les tribus, faisant du commerce pour qu’ils sentent qu’ils pouvaient se permettre de se séparer. une chèvre, un cheval, un peu d’or,… en échange de quelque chose de différent qu’ils aimeraient plus avoir.
Tous les échanges ne sont pas bons ou bons. Certainement pas la vente d’armes aux nations en guerre. L’exploitation de personnes moins développées par des personnes plus avancées n’était manifestement pas bonne pour les personnes moins développées. La traite négrière transatlantique était elle-même alimentée par le commerce; le commerce qui était destiné à accroître la richesse du premier monde alors l’Angleterre, le Portugal, l’Espagne, la Hollande et la France. Je l’ai fait en effet; à des frais horribles pour les Africains réduits en esclavage et échangés, et pour les peuples autochtones des Amériques, de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est. Les Africains réduits en esclavage produisaient le tabac, le riz, le coton et le sucre qui enrichissaient leurs esclavagistes et les partenaires commerciaux internationaux de ces esclaves. C’est cette quête de richesse qui a alimenté la traite des esclaves. Commerce dont ils, les esclaves, n’ont eu que des difficultés et la mort. La recherche de terres sur lesquelles cultiver ces cultures à des fins commerciales a alimenté le déplacement et le meurtre de populations autochtones dans les Amériques, en Afrique et en Asie du Sud-Est. La traite des esclaves était une équation très déséquilibrée; les enlevés ont été réduits en esclavage. Cette appropriation illicite des terres des indigènes était un vol; pas de commerce. Ce qui se passe aujourd’hui, au XXIe siècle, dans les plantations de palmiers à huile en Asie du Sud-Est, n’est guère différent.
Commerce à bras la longueur, un commerce mutuellement avantageux entre égaux, est meilleur. La traite des esclaves était entre les esclavagistes, les marchands d’esclaves et les acheteurs d’esclaves. Il n’y a pas eu de poignée de main, aucune compensation n’a été accordée, aucun avantage reçu par les esclaves. Ceux qui étaient échangés n’avaient que peu ou rien à échanger, étaient à peine, voire pas du tout, autosuffisants. Ceux qui étaient échangés étaient traités comme des biens commerciaux. Sous les statuts modernes du commerce, aucun des contrats de la traite négrière ne serait valide, ne serait juridiquement contraignant.
Et si, au lieu de se baser sur la recherche de plus de richesse pour les riches, sur la victimisation, le commerce avait été mutuellement bénéfique entre les Africains et les planteurs? Supposons que ceux qui souhaitaient cultiver du tabac, du coton, du riz et du sucre à des fins commerciales et lucratives aient passé un contrat avec des Africains pour leur travail (un bien commercial valable) d’un commun accord sur les salaires, les conditions de vie et de travail, la durée du contrat, le transport,…? Supposons que les planteurs aient traité les Africains comme des partenaires commerciaux? Supposons qu’ils aient cultivé le coton, le tabac, le riz et le sucre en Afrique en employant de la main-d’œuvre africaine?
Et si, au lieu d’exploiter, d’asservir et d’assassiner les peuples des Amériques, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, les colonisateurs les avaient traités sans lien de dépendance, en tant qu’égaux, pour parvenir à un accord sur une compensation équitable pour leurs terres? Avait-il recherché des arrangements mutuellement avantageux avec les habitants de ces terres? Et si, en échange, ils avaient accepté de construire des logements, des routes, des écoles, des hôpitaux,… des infrastructures, à travers le pays, avaient offert un emploi rémunéré, avaient donné aux peuples autochtones les compétences nécessaires pour se mettre dans la modernité? Avait-il accepté de les aider à devenir plus autonomes? Avait-il fait du commerce avec, non asservi, pas exploité? Les avantages du commerce n’étaient-ils pas suffisamment importants pour qu’il y ait encore des raisons de faire du commerce? Les indigènes, bien que suffisamment autosuffisants dans leur monde, n’étaient pas autosuffisants au sens des Européens plus modernes. Leur âge de pierre l’autosuffisance était opposée à celle des personnes plus avancées.
Et si, aux XIXe et XXe siècles, les États-Unis avaient négocié sans lien de dépendance avec l’Amérique latine? Et si, au lieu de coopter leurs gouvernements et de voler leurs ressources, les États-Unis les avaient aidés à construire des logements, des infrastructures et des industries manufacturières en compensation de leurs ressources? Leur avait-il payé un salaire vital suffisant pour les rendre suffisamment autonomes pour commercer à égalité? Leur avait donné les compétences technologiques nécessaires à leur propre avancement; pour l’autosuffisance dans le monde moderne? Si nous l’avions fait, le Honduras, le Nicaragua, le Guatemala,… ne seraient-ils pas mieux lotis qu’aujourd’hui? Ne serions-nous pas mieux lotis?
De toute évidence, les colonisateurs et les États-Unis du XXe siècle ont préféré éviter le commerce équitable, ne voulaient pas que les peuples autochtones, les peuples des pays en développement, soient suffisamment autosuffisants. Pourtant, aujourd’hui, les États-Unis utilisent le commerce comme une arme en disant aux pays en développement que s’ils répondent à nos sera récompensé par le commerce. De telles conditions sur le commerce n’étant qu’une tournure différente des sanctions, une autre façon de militariser le commerce.
Et si, à la fin du 20e siècle, la Chine avait recherché des investisseurs pour l’aider à construire ses propres usines de fabrication pour approvisionner son propre marché intérieur, faisant ainsi et toujours avancer la Chine et la rendant plus autonome tout en laissant le monde occidental plus autosuffisant qu’il ne l’est maintenant après la montée en puissance des exportations de la Chine (la triche ici était la main-d’œuvre bon marché de la Chine.)? L’autosuffisance d’une nation qui dépend de la non-autosuffisance d’autres nations peut-elle survivre à long terme?